Il existe deux propositions fondamentales que tout hypnotiseur, amateur ou expert, devrait considérer comme des vérités inébranlables:

1) La loi du 30%

Peu importe ou que vous soyez dans le monde, peu importe que vous soyez un hypnotiseur médiocre, et peu importe que vous utilisiez une technique plutôt boiteuse, peu importe votre auditoire, vous allez TOUJOURS hypnotiser 30% de votre auditoire.

2) Le pouvoir hypnotique est dans le sujet

Il n'existe dans l'hypnotiseur aucun pouvoir spécial; tout le pouvoir hypnotique réside en fait dans le sujet.

Il est facile d'hypnotiser les gens; vous n'avez besoin d'aucun pouvoir autre que la connaissance des techniques qui vont vous être présentées dans ce livre, et que vous n'avez pas à vous demander "si je vais réussir."

Debout devant son auditoire, l''hypnotiseur fait sur tout le groupe un test qui lui permet d'obtenir les bons sujets, soit le 30% ordinaire. Le test peut être simplement celui des doigts entrelacés, les bras en l'air et les paumes vers le haut. Une fois isolés ces trente "bons" sujets sur cent, l'hypnotiseur de scène fait un second test qui va lui indiquer les "meilleurs" parmi les "bons", puis un troisième test qui lui donnera les meilleurs parmi les meilleurs. Après quoi il ne lui reste plus qu'à procéder avec sa routine.

C'est un hypnotiseur de scène, le Suisse Lafontaine, oncle du fabuliste LaFontaine qui intéressa James Braid à l'hypnose et provoqua ainsi la renaissance officielle de l'hypnose en médecine; et c'est encore un hypnotiseur de scène, l'Italien Donato qui moussa l'intérêt de Charcot pour l'hypnose... puis Charcot, ainsi que Liébault aidèrent immensément à développer les intuitions et aider l'éducation de Freud en hypnose et en psychanalyse.

L'hypnose est un pseudo-sommeil, en ce sens que le sujet hypnotisé reproduit dans son corps certaines des apparences du sommeil naturel mais reste toujours éveillé, en fait souvent et bien souvent plus éveillé qu'il ne l'est à l'état ordinaire.

Comment se fait-il que l'hypnose fonctionne une fois qu'on l'a produite?

Le cerveau traduit automatiquement les mots qui lui sont présentés en réalité pour le sujet.

Qu'est-ce-qui explique que l'on puisse produire l'hypnose en premier lieu?

Si l'hypnotiseur utilise la majorité du potentiel du cerveau à concentrer son sujet sur ses mots, il ne reste pratiquement plus de "courant" pour les activités de volition. Il y a mobilisation sélective d'un centre donné du cerveau et, par voie de conséquence, immobilisation du reste du cerveau.

De façon à bien implanter chez notre candidat-hypnotiseur la certitude que ce sont les mots qu'il emploie qui produisent l'effet, à cause de la nature même de traducteur de mots en réalité qu'est le cerveau du sujet, nous énoncerons les conclusions suivantes:

1) Quiconque peut lire et parler avec une maîtrise raisonnable peut induire l'hypnose.

2) Toute personne au monde peut répondre à une suggestion hypnotique à un degré plus ou moins considérable, avec plus ou moins de rapidité ou après une période d'entraînement plus ou moins longue.

3) Le "pouvoir" dans l'hypnotisme est dans le cerveau même de la personne hypnotisée, dans le pouvoir de traduction des mots en réalité que contient tout cerveau humain.

4) Les mots, qui représentent les idées, ont une influence pratiquement toute-puissante sur leurs auditeurs. L'acceptation de certaines idées exprimées en mots par le subconscient, constitue l'hypnotisme.

5) Le degré de réaction ("profondeur" de l'hypnose) peut se vérifier par certains tests déjà établis comme correspondant à divers degrés d'hypnose.

6) Les suggestions du genre "hypnotique" jouent un grand rôle dans la vie de tous et chacun de nous. On y est tous constamment exposés. Elles peuvent être utilisées délibérément pour un bénéfice physique, mental ou émotionnel.

7) La position désavantageuse vis-à-vis le phénomène de l'hypnose, ce n'est pas celle de ne pas être hypnotiseur, mais bien celle de ne pas jouir du privilège d'être hypnotisé.

8) Rien ne sert de "vouloir" intensément ou d'essayer intensément pour obtenir les effets de l'hypnose. Il suffit et il faut laisser agir les mots alors qu'on confie son esprit à la direction de l'hypnotiseur.

9) Le manque de réactions sensibles au premier essai n'est pas un signe d'anormalité. Il faut, dans des cas très rares, plusieurs heures de travail pour y parvenir.

Le temps est venu d'élargir le sens du mot "mot". Nous entendons par "mot" tout signe que le cerveau peut interpréter d'une façon quelconque.

Les mots incluent donc tout signe visuel, auditif ou tactile. en d'autre mots, l'intonation de la voix, les inflexions de la voix, les pauses, les accélérations du discours, le détournement de la tête pour diriger le son ailleurs que directement vers le sujet, tout cela, pour le cerveau, signifie quelque chose qui, dans l'état d'hypnose, sera traduit de façon appropriée.

Le geste de la main sur l'épaule est un signe d'amitié, n'est-ce pas? En état d'hypnose, par conséquent, il sera interprété tel quel.

Une voix autoritaire rappelera automatiquement au sujet l'autoritarisme de son père, de sa mère, de son professeur ou de son patron.

Si vous voyez venir un de vos amis sur la rue et que, à quelques six pas de lui, vous tendiez la main vers lui, vous pouvez être sûr que sa main se tendra automatiquement. Vous venez d'employer un signe visuel qui a été interprété, automatiquement, par le centre interprétateur du cerveau et vous avez obtenu une réaction quasi hypnotique.

L'un des handicaps les plus sérieux pour le candidat-hypnotiseur, c'est justement ces signes subliminaux de la voix qui trahissent son incertitude et son manque de confiance en ce qu'il dit.

Ce n'est qu'en sachant d'avance les lois fondamentales de l'hypnotisme que le candidat-hypnotiseur développera en lui-même cette confiance assurée que les choses vont arriver et qui se traduira automatiquement dans le parler coulant, dans la voix assurée, dans les pauses "signifiantes" et dans les passages subtils d'une intonation à l'autre.

Ce que l'on appelera "profondeur" de l'hypnose, c'est l'extension de l'inactivité dans le cerveau humain. On devrait donc parler d'intensifier le supposé sommeil hypnotique, mais non pas de l'approfondir. Malheureusement, le terme est consacré par la tradition et nous devrons nous y conformer si nous voulons être compris.

Voici la liste des phénomènes possibles grâce à l'hypnose:

1) Effets musculaires.

2) Altérations sensorielles.

3) Altérations de la perception.

4) Effets sur le système autonomique.

5) Effets sur la peau.

6) Changements du comportement.

7) Effets sur la mémoire et la concentration.

8) Usages dans l'étude.

9) Usages au service du corps humain, tel que dans les sports.

10) Usages dans la créativité artistique, scientifique, etc.

11) Usages extra-curriculaires... tels que dans la perception extra-sensorielle.

12) Usages médicaux.

13) Usages sociaux.

Les stages de l'hypnose

1) L'état hypnoïde qui correspond vaguement à la relaxation plus ou moins extensive. C'est l'état par lequel chaque sujet passe avant d'arriver au stage suivant qui est l'hypnose légère.

2) L'hypnose légère est cet état le plus souvent produit par l'hypnotiseur de scène et dans lequel, cependant, on peut produire des effets forts intéressants d'altérations sensorielles et de compulsions ou d'inhibitions musculaires.

Dans ce même état d'hypnose légère, on peut opérer des régressions dans le temps, l'anesthésie et donner des suggestions positives d'une efficacité surprenante.

3) L'état somnambulique est caractérisé par une facilité extraordinaire de réponse aux suggestions. Le sujet peut ouvrir les yeux et voir ce qu'on lui dit être devant lui. Dans cet état, si on lui dit que la pièce est teinte d'une couleur rose, il verra la pièce telle que dite.

L'anesthésie dentaire et l'anesthésie chirurgicale mineure sont possibles dans cet état de somnambulisme.

4) L'état catatonique correspond au degré le plus profond de l'hypnose que l'on emploie régulièrement. Dans cet état, on peut vérifier la présence de quatre données fondamentales:

a) Inhibition des grands groupes musculaires tels que celui d'une jambe ou d'un bras. Il y a également inhibition des petits groupes musculaires tels que ceux des yeux. Dans l'état catatonique, aucun muscle ne bouge.

b) La flexibilité de cire. On peut , chez un sujet en état catatonique placer les membres dans les positions les plus incongrues et ils demeureront là, parce qu'il y a équilibre parfait entre les muscles extenseurs et les muscles flexeurs.

c) Il existe dan l'état catatonique, une anesthésie totale du corps sans aucune suggestion de la part de l'hypnotiseur.

d) Enfin, le sujet ressent une sensation d'euphorie extraordinaire; voilà pourquoi il peut arriver que certains sujets tendent à vouloir demeurer dans l'état d'hypnose

Pour devenir un maître, il faut être prêt à étudier et à travailler pendant au moins cinq ans, tout comme il faut s'y attendre pour apprendre à jouer un concerto de violon de Beethoven ou de Brahms.

Il faut également être imbu de la dignité de l'homme, du respect dû à l'homme par l'homme, de la possibilité incroyable qu'offre l'hypnotisme pour aider l'homme à se surpasser lui-même; et aussi d'avoir éliminé de son coeur la tentation ou l'intention d'abuser d'un enseignement qui ne peut plus demeurer inconnu.

Les sages hindous indiquent par ailleurs la dernière condition pour devenir un maître. À un élève qui se présentait pour recevoir son enseignement, un grand maître rétorquait en le plongeant dans l'eau pour lui tenir la tête sous l'eau pendant quelques cinq minutes.

Lorsque le postulant fut ramené à la surface, il se vit demander, encore tout abasourdi par son expérience: "Lorsque tu étais sous l'eau, de quoi avais-tu le plus pressant besoin?"

À quoi, évidemment, le postulant répondit: "De l'air". Et le maître ajouta tout simplement: "Lorsque tu voudras devenir un maître autant que tu avais besoin d'air lorsque tu étais sous l'eau, alors tu deviendras un maître."

Les phases de la session d'hypnose:

1) Préparation.

2) Induction.

3) Approfondissement.

4) Utilisation de l'hypnose.

5) Retour à la normale du sujet.

Un sixième élément, tout aussi important, mais que nous n'avons pas classé dans l'ordre parce qu'il se retrouve justement à plusieurs des phases de la session d'hypnose, c'est celui des tests.

Pour celui qui étudiera l'hypnotisme, il existe des principes fort simples et fort fertiles sur l'art de préparer une suggestion qu'on veut donner à un sujet. Les deux mots clés sont les suivants:

1) Emploi des temps "futur" et "présent".

2) Emploi constant de la gradualité.

On dit toujours au sujet: "Au compte de trois... ou à tel ou tel autre signal... vous allez ressentir tel ou tel effet." Cette annonce faite au sujet permet de décrire en leurs détails séquentiels les effets qui vont se produire. Pendant qu'on annonce ainsi ce qui va se passer, le subconscient mobilise ses mécanismes pour justement produire l'effet qu'on est en train de décrire; à mesure qu'on parle de choses qui vont arriver, le subconscient repasse son stock de méthodes pour le produire.

De plus, le fait de parler au futur nous permet d'appliquer la deuxième loi de la composition d'une suggestion, à savoir: la gradualité.

Comment détecter un bon sujet

Derrière le phénomène de l'hypnotiseur de scène qui produit l'hypnose instantanée chez un sujet qu'il n'a jamais vu de sa vie se cache un secret bien simple: LUI sait comment détecter un bon sujet. Il possède tout un répertoire de signes indicateurs; il s'est entraîné à les déceler immédiatement chez un sujet et à en profiter.

L'un des signes suffisants, mais non nécessaires d'une excellente suggestibilité, c'est la moiteur de la peau, et surtout, évidemment, celle des mains. Nous n'avons pratiquement jamais rencontré un candidat à la main moite qui n'était pas un bon sujet. Il est donc important pour un hypnotiseur de donner la main, dans toutes les circonstances où la chose est possible, à son sujet éventuel.

Dans la poignée de main, par ailleurs, se trouve un autre indice. Si la chair de la main est molle et flasque, vous avez un sujet sensible à l'hypnose. Si en serrant la main, vous levez de quelques pouces l'avant-bras de votre interlocuteur et que l'avant-bras suive avec obéissance, encore une fois, vous avez un bon sujet.

Les gens timides, ceux qui s'effacent dans un groupe, sont le plus souvent d'excellents sujets.

En général, les gens qui répondront Oui à plusieurs des questions suivantes sont d'excellents sujets:

- Est-il facile pour vous de penser quelques instants à un citron, à son goût amer et de sentir l'eau vous venir à la bouche?

- Est-ce que vous pouvez, les yeux fermés, imaginer une rose et pratiquement la sentir comme si elle était là?

- Pouvez-vous imaginer que le téléphone est actuellement en train de sonner et que vous pouvez pratiquement l'entendre?

- Est-ce que vous parlez dans votre sommeil?

- Avez-vous déjà eu l'impression de flotter dans l'air alors que vous étiez en train de rêvasser?

- Pouvez-vous vous concentrer?

- Pouvez-vous vous relaxer?

- Est-ce que vous pouvez fermer les yeux et imaginer un meuble de votre domicile assez clairement pour pratiquement jurer que vous le voyez avec les yeux de l'esprit?

- Au théâtre, est-ce qu'il vous arrive de vous surprendre en train de crisper vos mains sur les appuis-bras alors que vous êtes pris par la pièce?

- Vous êtes-vous déjà senti transporté par une magnifique scène, ou une peinture tout à fait spéciale ou par une pièce de musique? En général, pourriez-vous dire qu'il est vrai que vous avez plutôt tendance à suivre les gens qu'à les diriger?

La contagion des mots et des gestes

Vous expliquez par exemple que l'instinct de mimique fait que, si vous vous installez au coin d'une rue et regardez au faîte d'une maison de l'autre côté, plusieurs des passants en feront autant.

De même en est-il, continuez-vous, si vous parlez du picotement... un certain psychologue (que vous n'avez pas besoin de nommer) a fait un certain test: il a parlé pendant trois minutes sur le picotement qui peut se produire disons à la joue droite... (vous joignez toujours le geste à la parole)... puis à la joue gauche... puis à l'épaule gauche... puis à l'épaule droite... puis un peu partout sur le corps... le psychologue avait conclu qu'il existe ce que l'on peut appeler le "contagion des gestes et des mots".

Et pendant que "vous" avez parlé ainsi sur le picotement, durant deux ou trois minutes, vous allez remarquer ici et là dans la foule des gens qui vont se gratter soit à la joue, soit à l'oreille, soit au nez soit ailleurs: ce sont là de bons sujets.

Vous avez introduit dans votre discours un épisode où vous parlez de la musique et vous fredonnez une valse... et pendant que vous fredonnez la valse vous-même... vous faites aller votre corps de côté et d'autre au rythme de la musique... dans la salle, certaines gens copieront vos mouvements et leur corps se mettra à osciller au rythme du vôtre: ce sont là de bons sujets.

Vous avez posé dans votre discours des questions fort simples, qui demandent un Oui ou un Non... vous finissez par un "N'est-ce pas?"... et, ici et là dans la salle, des gens feront signe que Oui de la tête... ce sont là de bons sujets pour tout à l'heure.

Comment déceler l'hypnose naissante

Si vous vous installez devant un sujet et que vous le regardiez "les yeux dans les yeux", à une distance d'environ un pied... et que vous lui disiez, tout sérieusement: "Voyons voir si vous seriez un bon sujet..."

Si vous avez un bon sujet et que vous le fixiez ainsi pendant une quinzaine de secondes, vous allez remarquer les effets suivants:

- Il se produira une dilatation des pupilles.

- Ses yeux deviendront fixes et le regard vague.

- Ses yeux se mouilleront.

- Il y aura battement des paupières.

Il existe en fait des signes qui révèlent, de façon immanquable, que le sujet que vous avez devant vous est MAINTENANT en train d'entrer en hypnose. Ces signes apparaissent AVANT que les yeux se ferment et APRES que les yeux sont fermés:

Avant que les yeux se ferment, la fixité du regard, le vague des yeux, leur mouillage, une légère teinte rosée paraissant sur le blanc des yeux, l'attitude "figée" du corps tout entier, le papillotement des paupières sont des signes qui apparaissent simultanément ou séparément, tout comme la dilatation des pupilles. Parfois il y aura production d'une légère moiteur sur le front ou sur les mains.

Après que les yeux sont fermés, la chaleur du corps, surtout décelable aux mains, le relâchement des muscles faciaux, l'inclinaison de la tête, la production spontanée d'un soupir ou deux, le flasque d'une main qui, une fois soulevée, retombe d'elle-même ou la catalepsie d'une main qui, une fois soulevée, tend à demeurer "en l'air"... voilà autant de signes qui apparaissent une fois que les yeux se sont fermés.

Parfois on verra s'esquisser un sourire, le sourire de la surprise plaisante de découvrir que l'hypnose n'est véritablement qu'une merveilleuse détente. Parfois encore, surtout chez les sujets d'origine latine ou indienne, les globes des yeux se tourneront vers le haut et vers le centre, dans l'attitude caractéristique des saints en extase.

L'hypnotiseur expert saura aussi voir que, lorsqu'il prépare un auditoire à recevoir la grâce, quelques-uns des membres de l'auditoire seront là, les yeux fixes, le corps figé dans une attitude immobile et le visage reproduisant la pose d'un visage de statue. À ce moment-là, ceux-là qui démontrent ces signes dans l'auditoire sont déjà en hypnose légère.

Commandements mineurs

La relation interpersonnelle que constitue la situation hypnotique a déjà été assimilée à celle où le propriétaire d'un cerveau électronique, d'un prix inimaginable, apporte son instrument chez un expert qui va lui montrer comment l'opérer. Voilà pourquoi, dès qu'un candidat-sujet vous demande de le diriger, vous devez profiter des circonstances pour sans en avoir l'air justement commencer à diriger pour lui ce cerveau électronique.

Dans ce but, les commandements mineurs en apparence insignifiants sont tous calculés pour établir l'atmosphère de "soumission volontaire" de la part du sujet.

Des détails en apparence aussi simples que:

- Placez vos pieds à plat sur le plancher (le sujet étant assis).

- Décroisez vos jambes (le sujet étant sur un divan).

- Tenez-vous près du mur... encore un peu plus près d'environ un pouce.

- Placez vos bras le long de votre corps.

- Décroisez vos mains, etc...

Ces commandements servent à amplifier l'attitude d'acquiescement, de coopération et de soumission à vos directions chez votre sujet.

L'HYPNOTISEUR N'A JAMAIS TORT

Nous n'entendons pas par là que l'opérateur doive se placer sur le piédestal de l'infaillibilité. Nous voulons plutôt dire qu'il ne s'expose jamais à être traité de menteur par son sujet, même "in petto".

Voilà pourquoi nous indiquons bien qu'on ne dit pas à un sujet qu'il voit telle ou telle chose, qu'il entend telle chose, qu'il ressent telle chose. Il est désarmant de déblatérer pendant vingt minutes sur le fait que le sujet voit ceci, puis cela, entend des cloches... et se faire dire une fois qu'il est réveillé: "Vous savez, je n'ai pas vu une traître chose."

Non, l'opérateur ne commande pas à un sujet de voir telle ou telle chose; il lui demande d'imaginer telle ou telle chose et si, une fois la séance finie, le sujet annonce qu'il n'a rien vu, il est clair que l'opérateur n'a aucunement perdu la face parce qu'il n'a jamais dit au sujet qu'il était pour voir quelque chose. Il lui a tout simplement demandé d'imaginer quelque chose et si le sujet ne l'a pas imaginé, ce n'est pas la faute de l'opérateur, mais bien celle du sujet.

Voilà pourquoi l'hypnotiseur couche ses tests de vision mentale en des termes aussi vagues que "si maintenant vous imaginez ces choses avec une telle avidité que vous pourriez pratiquement jurer que vous pouvez les voir avec les yeux de l'esprit... au compte de trois... vous allez me le laisser savoir en bougeant volontairement le petit doigt..."

Ce souci de ne jamais avoir tort, c'est-à-dire de ne jamais laisser au sujet la possibilité de vous traiter de menteur, même mentalement, s'étend à la présentation des tests. Vous dites au sujet des choses telles que "tant et aussi longtemps que vous imaginez les aimants... tant et aussi longtemps que vous imaginez cet étau... il ne peut se faire autrement que..."

Une fois la séance finie, si le test n'a pas réussi, c'est évidemment parce que le sujet n'a pas su se concentrer.

Si l'hypnotiseur débutant s'habitue à toujours présenter ses techniques d'induction comme des tests à l'état d'éveil, puisqu'il s'agit de tests, tant et aussi longtemps qu'il s'agit de tests... de tests de concentration... de tests d'imagination... VOUS ne prenez aucune chance quant à l'issue de la chose. Si l'effet n'arrive pas tel qu'annoncé, c'est que le sujet n'a pas de concentration suffisante pour réaliser l'effet.

L'hypnotisme déguisé

L'hypnotisme déguisé est ce genre de relation interpersonnelle dans laquelle l'état d'hypnose est en fait produit, dans laquelle on obtient les effets hypnotiques et des effets post-hypnotiques... mais dans laquelle le mot "hypnotisme" ou le mot "hypnose" ne sont jamais mentionnés.

Quantité de timorés, dont l'esprit flotte encore dans les nuages des mythes et des fantaisies, sont littéralement affolés ou terrorisés par le mot "hypnotisme" ou "hypnose", sans jamais se rendre compte qu'il n'y a rien d'autre dans un mot que ce que l'on y met.

Dans ce cas, si l'on veut malgré tout aider le sujet, on peut aller jusqu'à dénigrer l'hypnotisme et assurer avec véhémence qu'on n'emploierait jamais l'hypnotisme avec "une personne telle que vous".

Mais on peut offrir au sujet de "faire ceci avec ou sans hypnotisme, à votre choix".

Évidemment, on se sert exactement des mêmes outils, en changeant le vocabulaire pour les besoins du moment.

L'hypnose devient "la relaxation ou la méditation".

Pour hâter le jour où l'étudiant aura "dépassé" ce livre, voici quelques conseils généraux:

- Ayez toujours présent à l'esprit le souci de ne jamais avoir tort. Ayez toujours en réserve une série d'explications pour vos échecs, prévus et prévisibles, mais que vous devez d'avance savoir exposer d'une façon logique et authentique.

- Méfiez-vous des simulateurs, de ceux qui veulent faire des farces, soit en les rejetant immédiatement, soit en les instruisant, soit en faisant sur eux tous les tests qui permettront de déterminer si, oui ou non, "ils font semblant".

- Ne manquez jamais d'annuler chez vos sujets toute suggestion dont l'effet continué pourrait être gênant.

- Rappelez-vous que le rôle de l'hypnotiseur, c'est de réveiller les gens en les endormant; c'est de les réveiller au fait de leur possession de pouvoirs à peine connus, qu'ils peuvent utiliser davantage grâce à l'hypnose.

- Rappelez-vous que le seul danger de l'hypnose, c'est l'ignorance de l'hypnose, parce que les gens sont constamment "endormis" par leurs préjugés, par leurs fausses croyances et par leur ignorance.

- Ne négligez jamais la phase "Conditionnement pour le futur" dans toute séance d'hypnose, avec un groupe ou avec un individu. Appliquez-vous à rendre le retour à l'état d'hypnose plus rapide et plus efficace à chaque fois. C'est alors que vous apprécierez véritablement le fait que l'on ne travaille "dur" qu'une seule fois avec un sujet donné: la première.

- Dispensez votre savoir: ne soyez pas un de ces hypnotiseurs qui joue au mage, qui veut tenir ses techniques secrètes.

- Traitez vos sujets et traitez l'hypnotisme avec respect. Ne donnez jamais de suggestions ridicules ou humiliantes. La règle est bien simple: c'est la règle d'or: ne fait jamais exécuter à un sujet une suggestion qui vous déplairait à vous-même.

- Souvenez-vous que dans une assistance de 200 personnes, il y a 60 bons sujets...